Qu’est-ce que l’asthme sévère ?
L’asthme sévère touche entre 3 et 5 % des asthmatiques. Ce sont des patients dont les symptômes ne peuvent pas être contrôlés, malgré un traitement par corticoïdes inhalés à fortes doses associé à au moins un autre traitement, pris régulièrement. On ne connaît pas les raisons qui font d’un patient un asthmatique sévère ni pourquoi certains asthmes légers deviennent sévères.
Définition de l’asthme sévère
Un patient qui souffre d’asthme sévère est gêné de manière régulière et souffre d’exacerbations fréquentes. Il consomme en général beaucoup de corticoïdes par voie orale pour ses poussées d’asthme, ce qui peut entraîner des effets secondaires sur le long terme. S’il est très important d’identifier les asthmatiques sévères pour leur proposer rapidement une prise en charge adéquate, le diagnostic exige toutefois du recul. Il faut en effet distinguer l’asthme sévère qui résiste au traitement des asthmes mal contrôlés en raison d’un traitement inadapté, mal manipulé, sous-dosé ou pris de façon irrégulière. Dans ce dernier cas, des explications sur le traitement ou le changement du dispositif inhalé peuvent réduire simplement et rapidement les symptômes.
Comment faire le diagnostic d’asthme sévère ?
Un asthme difficile à contrôler n’est pas forcément un asthme sévère. Des symptômes comme la toux, les sifflements ou l’essoufflement peuvent en effet se rencontrer dans de nombreuses autres maladies respiratoires. Dans notre Centre, 6 % des asthmatiques adressés pour un asthme sévère ont en réalité une autre maladie bronchique. Devant chaque cas de résistance au traitement, il faut ainsi remettre en question le diagnostic de l’asthme.
Il est également nécessaire de traquer et de traiter, si cela est possible, tous les éléments qui contribuent au mauvais contrôle de l’asthme : tabac, exposition aux moisissures ou aux irritants (produits ménagers, bougies parfumées…), reflux gastro œsophagien, polypose nasale, obésité, syndrome d’apnées du sommeil, ménopause…
On considère qu’il faut une prise en charge optimale par un pneumologue durant 6 à 12 mois avant de pouvoir affirmer qu’un patient souffre d’un asthme sévère et d’envisager des traitements spécifiques.
Les conséquences de l’asthme sévère dans la vie quotidienne
Comme beaucoup de maladies respiratoires, l’asthme sévère induit un handicap invisible : l’essoufflement ne se voit pas, ce qui rend sa reconnaissance difficile, autant par l’entourage familial ou professionnel que, parfois, par le corps médical.
Dans l’asthme sévère, l’obstruction bronchique est souvent importante et contribue à la gêne respiratoire. Les patients s’adaptent à ce handicap par une réduction progressive de leurs activités : arrêt du sport, de certaines tâches ménagères, limitation des sorties … Ceci participe à la prise de poids et à la fonte musculaire. Depuis l’épidémie de SARS-CoV-2, le confinement a encore aggravé ce phénomène de déconditionnement musculaire qui accentue l’essoufflement et fait naître un sentiment d’incapacité et une altération de l’image de soi. Ces conséquences sont fréquentes chez les asthmatiques sévères.
Le retentissement professionnel est important. Il est lié aux absences répétées et à la nécessité d’adapter parfois le poste de travail. La fatigue, liée aux réveils nocturnes répétés et à la dépression, participe au ralentissement général des activités et alimente la dépression.
La prise répétée de corticoïdes oraux à fortes doses, indispensable lors des exacerbations, est responsable d’un grand nombre d’effets secondaires. Ces effets secondaires, dont certains peuvent être prévenus, doivent être surveillés de près. Ils peuvent en effet entraîner un sentiment de rejet des traitements de la part des patients. Ceux-ci développent parfois des stratégies dangereuses pour réduire leur utilisation.
Un accompagnement nécessaire
Au-delà des médicaments, il est important que les asthmatiques sévères puissent être accompagnés selon leurs besoins :
- déclaration de maladie professionnelle ou de travailleur handicapé,
- réhabilitation respiratoire pour reprendre une activité physique,
- suivi par d’un ORL pour discuter d’une chirurgie de la polypose,
- suivi par un diabétologue…
Pour assurer cet accompagnement et cette prise en charge globale et coordonnée, il existe des centres dédiés pour les asthmatiques sévères.
Enfin, les patients sont encouragés à rejoindre des associations de patients grâce auxquelles ils pourront échanger leurs expériences et faire entendre la voix d’une maladie qui est encore peu reconnue.